Comme chantait ma grand-mère bien aimée (et elle me la chanterait toujours si elle était encore là...) :
"Le travail, c'est la santé
Rien faire, c'est la conserver
Les prisonniers du boulot
N'font pas de vieux os!"
Aujourd'hui, vous m'excuserez j'espère, je m'éloigne donc du monde de la beauté pour un billet un peu plus personnel.
Certaines d'entre vous le savent déjà, je suis prof des écoles depuis quelques années maintenant. Ce métier je l'ai choisi comme une vocation, une vraie volonté de transmettre, partager aussi.
J'ai appris à l'aimer et à le détester.
Malheureusement pour moi, en ce moment je suis dans une phase de haine parce que je n'arrive plus à m'y retrouver ni me reconnaître. Les moments que je vis me font oublier pourquoi j'ai choisi ce métier.
Je n'aime pas me plaindre. Je suis du genre à encaisser sans rien dire mais ici, au moins je peux un peu évacuer ! (désolée que ça tombe sur vous !)
Il y a maintenant 7 mois que j'ai fait ma rentrée. Une rentrée en point d'interrogation, où j'ai attendu dans une école de rattachement loin de chez moi qu'on me trouve un poste pour cette année. Oui, peu de gens le savent mais pour les jeunes profs, ça tourne beaucoup les premières années avant d'avoir un poste fixe et les affectations tombent au tout dernier moment la plupart du temps (début septembre en général) alors qu'on a 2 mois de vacances d'été (non payés je précise car peu le savent) pour préparer nos classes en théorie.
Pour moi, au début du mois de juillet dernier, je ne savais toujours pas où j'allais tomber à la rentrée (ni l'endroit, ni la ou les classe(s)) et en grande stressée et consciencieuse que je suis, j'ai passé mon été à tenter d'anticiper, me préparer, à rassembler des documents de la petite section au CM2 pour parer à toute éventualité et toute mutation tordue.
On m'a contactée la veille de la prérentrée pour m'informer qu'il n'y avait pas de poste pour moi et que je devais attendre qu'on me rappelle dans une école de rattachement (à 50 min de chez moi !). Pour attendre toute la journée désespéremment, 50 min je peux vous dire que ça fait loin. Je me suis donc rendue dans cette école inconnue où on m'a accueillie avec gentillesse et compassion. Mais tout le monde s'activait bien sûr pour préparer sa classe et moi au milieu de toute cette effusion, je me suis sentie bien étrangère et inutile.
On m'a donné des tâches administratives (genre faire le café et les photocopies, trier les papiers... Bien loin de ma vocation première en somme !). J'ai attendu comme ça près de 3 semaines avant d'être recontactée.
Et là le verdict est tombé un mercredi matin : " Vous êtes à tel endroit pour remplacer une directrice toute l'année scolaire. Vous commencez demain. On ne connaît pas le niveau de classe. Allez-y vous verrez bien !"
L'adrénaline est montée d'un coup. J'ai rassemblé mes petites préparations estivales (tous niveaux réunis donc pour affronter ma nouvelle classe) et j'y suis allée. La directrice en question n'était pas encore partie et on a pu travailler en binome pour que ma rentrée se fasse plus en douceur. Et ça a été la seule grande chance de mon histoire !
Il s'est avéré que l'école se trouvait à 50 minutes de chez moi toujours, avec une classe de campagne à 3 niveaux (CE2-CM1-CM2) et avec pas mal d'enfants en difficulté. Il s'est aussi avéré que le poste se finirait en fait le 15 mai pour repartir à nouveau vers l'inconnu pour la fin de l'année (je vais encore être prévenue au dernier moment pour mon ou mes postes suivants). Je me suis lancée dans le travail à corps perdu, sans calculer, sans limite de temps, me rendant toujours disponible pour les parents et collègues, corrigeant et préparant jusqu'à pas d'heure le soir, le week end et pendant les vacances sans la présence de mon homme pour m'aider à la maison.
Moi qui voudrais des enfants plus tard, je me suis dit qu'ils n'auraient pu avoir aucune place dans ce contexte. (Ou alors peut être m'auraient ils au contraire poussée à relativiser tout ça ?...).
Tout ça pour vous dire qu'aujourd'hui je suis achevée, usée, meurtrie. Je vous épargne les à côtés, avec les animations pédagogiques parfois bien loin des réalités du terrain, les réunions à gérer, les sorties, les dossiers des élèves en difficulté (parce qu'en plus on nous supprime les postes des maitres spécialisés ou des psychologues qui pourraient nous aider) ou les parents toujours prêts à mettre une (gentille) pression, à faire des réflexions malgré tout le travail et les efforts accomplis. Et moi qui garde toujours douceur, sourire et diplomatie et qui pleure le soir en rentrant en accusant le coup.
Alors quand j'entends que les profs sont toujours en grève ou en vacances, qu'ils sont fénéants, ou qu'ils ne connaissent rien à la vraie vie; avec la foi qui m'anime, la conscience professionnelle dont je fais preuve avec son lot de reconnaissance et de découragement, ben oui, je l'avoue, j'ai envie de pleurer. Comme partout il y a des gens incompétents, pourquoi s'en prendre à certaines professions en particulier ? On peut se donner à fond jusqu'à l'épuisement comme dans n'importe quel autre métier. Est-ce de la jalousie ? Prenez ma place alors, ça ira mieux (ou pas).
Sinon, ne jugez pas avant de connaître juste sur des a priori. Prenez le temps de discuter et de vous intéresser.
Mais bon, c'est ma faute aussi. Je suis trop sensible.
Peut être que je devrais être plus sèche et grande gueule, ça me soulagerait. Sauf que non, je ne suis pas comme ça du tout. Je me fais bouffer parce que je veux faire mon travail à la perfection. Je veux être utile au maximum à ces enfants qui m'écoutent (ou pas). Sauf que je ne peux pas, on ne m'en a pas donné les moyens. Et j'ai perdu mon énergie. Aujourd'hui j'ai juste besoin de repos, de calme loin du stress et des bouffées d'angoisse.
Mais pourquoi nous soumet-on à tant de pression au travail ? Pourquoi cette quête de la perfection impossible chez nous ? (Et là je ne parle pas que des profs bien sûr !)
Maintenant, et surtout à l'heure où je refais des voeux d'écoles pour l'an prochain (que je n'ai jamais !) il faut que je tire une leçon de cette année là. Que j'apprenne à me ménager, à dire non, à faire moins et penser à moi. Y'a pas que le travail dans la vie mais quand on est conditionné comme je le suis en ce moment, c'est difficile d'agir autrement. Après on s'étonne que je me bouffe les ongles ! (D'ailleurs je vais participer à un défi Boz'ongles dont je vous reparle très vite !)
Il y aura d'autres rentrées pour moi, joyeuses ou difficiles je le sais et c'est pour ça que je dois apprendre à mieux y faire face en n'oubliant pas que je ne suis pas wonder woman (même si j'aimerais bien) !
On finit en chanson, car il faut toujours être positif et relativiser parce qu'il y a des épreuves bien plus insurmontables et difficiles dans la vie ! Et n'oubliez pas de garder toujours un peu de douceur dans ce monde de brutes !
Et au passage, je vous remercie à toutes car vous êtes mon petit remède contre le stress et les mauvais jours ! Il ne faut pas croire que les blogs beauté représentent un monde superficiel mais ils sont un plaisir, pour moi c'est un refuge secret, un autre lieu d'échanges et de partage où je ne suis plus cette prof stressée mais une fille qui prend sa petite bouffée d'oxygène quand elle vient par ici et qu'elle vous lit ! J'arrive à tout oublier ! Et encore plus grâce à vous et vos adorables messages ! Pour ça : Merci, merci !
"Ces gens qui courent au grand galop
En auto, métro ou vélo
Vont-ils voir un film rigolo?
Mais non, ils vont à leur boulot
Refrain
Ils bossent onze mois pour les vacances
Et sont crevés quand elles commencent
Un mois plus tard ils sont costauds
Mais faut reprendre le boulot!
Refrain
Dire qu'il y'a des gens en pagaille
Qui courent sans cesse après l'travail
Moi le travail me court après
Il n'est pas près d'me rattraper!
Refrain
Maint'nant dans le plus p'tit village
Les gens travaillent comme des sauvages
Pour se payer tout le confort
Quand ils en ont ben ils sont morts!
Refrain
Hommes d'affaire et meneurs de foules
Travaillent à en perdre la boule
Et meurent d'une maladie de coeur
C'est très rare chez les pétanqueurs!
Refrain"