Souvent, je doute.
Je me demande si je suis à ma juste place dans le monde. Si quelqu'un ou quelque chose d'autre ne m'attendrait pas quelque part. Un peu plus loin.
Je me dis que la vraie vie est ailleurs.
Quelque part où il y aurait du soleil, des fleurs, des oiseaux et du vent.
Je me poserais là.
Je ne bougerais pas.
Seulement bercée par le souffle de l'instant, par la nature incandescente.
Et ma respiration sans cesse qui rythmerait le moment.
J'écouterais le silence. J'oublierais les visages et les voix, les craintes et les agitations.
Je ne viendrais plus ici brasser un air qui me manque.
Je ne maquillerais plus ma vie.
Je serais juste moi. Celle de la première fois.
Je ne tricherais pas, cachée derrière cet écran de fumée qui étouffe parfois mon âme.
Je serais juste à la recherche de moi-même.
Pour vivre l'instant. Voyager. Ecouter. Rencontrer.
Je me cache en secret. Je sais.
Que ma vie n'est pas ici.
Elle vibre dans un autre ailleurs que je pourrais sans cesse toucher. Auquel je me cognerais. Brûlerais. Frissonnerais.
Et tous ces flacons que je fais tinter ne rempliront jamais les vides, les blessures et les manques.
Parfois, tout ce virtuel me décourage.
Comme aujourd'hui.
Comme à présent.
La vie n'est pas ici.
La froide lumière de l'écran. Les lettres sur le clavier. Le bruit et l'éclat de la publicité. La peau sur papier glacé.
Rien n'existera autant que le vent dans ces branches, la chaude lumière du soleil qui filtre à travers les rideaux au petit matin, l'air qui glisse dans mes poumons et ma plume qui griffe le papier toujours plus fort.
Maintenant je compose.
Une pause.
Et moi d'abord.