Quand je suis chez mon homme sur Paris, je quitte ma maisonnette toulousaine sous le soleil pour m'enfermer dans une tour grise de douze étages qui se dresse dans la pollution et les nuages, tout au milieu d'une zone où il n'est pas bon de s'aventurer seule...
Oui, vous l'aurez compris, on est bien loin de la tour romantique de la princesse Raiponce !
Et d'ailleurs, j'en suis moi même bien loin avec mes cheveux bruns filasses et mes yeux marron cochon !
Alors, je reste là, comme un lion en cage, pendant que l'homme part justifier son salaire.
La plupart du temps, il fait moche dehors et comme j'ai déjà visité Paris en long, en large et en travers, que je n'ai pas envie de me faire agresser dans la rue comme la voisine et que de toute façon, j'ai mis ma carte bleue au repos, ben voilà je reste là. Enfermée.
Heureusement, y'a mon Mr Smokey Eyes pour me tenir compagnie.
Et vas-y qu'on se fait des papouilles, et vas-y qu'il me colle et me suit partout dans l'appartement.
Sauf que.
Là, faut descendre douze étages pour le faire pisser le bestiot !
C'est pas comme à la maison où t'as juste qu'à ouvrir la porte fenêtre pour le faire sortir dans le jardin.
Et où c'est pas grave si t'es en pyjama, pas lavée, l'oeil hagard avec des chaussons en forme de lapins (ça sent le vécu...).
Pauvre loup, il est là. Il te réclame sa sortie avec une impatience désarmante et des petits couinements qui déchirent le coeur, l'oeil rivé sur le placard où tu ranges sa laisse...
(oui, il insiste là et comment résister !)
Alors tu t'habilles, t'abandonnes les lapinous à tes pieds et tu te rends un minimum présentable.
Tu descends avec le fauve qui en peut plus, qui tire comme un dingue sur sa laisse pour aller renifler, courir, explorer... Et finalement c'est plutôt cool, parce que t'en profites pour t'aérer et sortir de ta prison.
Tu respires à grandes bouffées l'air pollué, tu écoutes les oiseaux chanter (ah non c'est juste le RER qui passe à côté...) et tu peux admirer le paysage de la résidence HLM : des tours, des tours, des tours... du grillage, du grillage, du grillage... Ah tiens, un arbre !
Bon j'exagère un peu.
Y'a un parc autour des tours. Mais on est tout de même trèèès loin du joli coin de verdure.
C'est plutôt de l'herbe et des arbres plantés en point de ralliement pour tous les chiens du quartier.
La toute première fois où j'y ai descendu le mien, j'avoue, j'avais pas tout prévu...
Quand il s'est accroupi pour lâcher autre chose que du pipi avec son oeil en biais, j'ai été obligée de laisser son oeuvre là en plein milieu parce que je n'avais que mes mains nues pour ramasser... Pas même un vieux bout de Sopalin poussiéreux au fond d'une poche (et pourtant généralement y'en a presque toujours un, mais pas là bizarrement). Et je me suis rappelé pourquoi j'avais absolument voulu un jardin avant d'avoir mon chien...
Moment de solitude.
Tu regardes à droite. Tu regardes à gauche. En haut, devant et derrière pour vérifier que personne n'a remarqué l'objet du délit.
Manque de bol, même pour une première fois, ça passera pas. Tu te fais repérer et même siffler depuis un balcon d'où on te crie : "Bouououh !! Ramasse la meeeeeeerde de ton chien !!!".
Là, tu vires pivoine et tu t'éloignes l'air de rien en faisant mine de siffloter.
Pour le coup, depuis, je n'ai jamais plus oublié de prendre au moins deux sacs poubelles à chaque fois j'ai promené mon Mr Smokey Eyes (oui deux, parce que parfois il essaye de me feinter en posant ses oeuvres deux fois de suite !).
Quand je sors mon classieux sac poubelle de ma poche, je suis partagée entre honte et fierté.
Genre "bouh, je vais ramasser un truc tout chaud en retenant ma respiration" et "z'avez vu, je suis propre et civilisée, personne ne risque de glisser dans la merde de mon chien !"
Je fais parie du cercle très (trop) fermé des ramasseurs de crottes de chien et j'en suis fière !
On se salue et on se reconnaît même entre nous.
On pourrait presque organiser un barbecue des ramasseurs de cacas dans le quartier !
Qu'est ce qu'on ferait pas pour ses bêtes quand même ! (Je vous conseille toutefois la vie en maison si vous n'avez pas encore franchi le pas parce que là, je vous épargne aussi les sorties "cacas d'hiver", avec le nez qui goutte et les mains gelées et qu'en plus nos amours peuvent gambader dehors quand ça leur chante...)
Bref, j'avais rien à faire aujourd'hui (à part ramasser du caca) donc je voulais vous raconter cet épisode très intéressant de mon quotidien ! (En espérant que vous soyez vous mêmes des ramasseurs de crottes en puissance).
N'importe quoi.
Vivement la plage et les articles beauté (ça va venir ) !